Ni vues ni connues du collectif Georgette Sand* est plus qu’un livre pour remettre à leurs justes places d’illustres inconnues qui ont disparu de l’histoire : c’est un réjouissant guide sur l’invisibilisation. Un livre qui dénonce et propose de comprendre — avec beaucoup d’humour —, mais surtout un guide qui permet de décoder et ne pas tomber dans le piège de l’invisibilisation. Voilà pourquoi on se réjouit à sa lecture : c’est positif et inspirant !
Mais qu’est-ce que l’invisibilisation ? Ce sont les mécanismes qui rendent invisibles les femmes dans l’histoire : gommées de la carte ou dont l’histoire est déformée, déjà victimes de fake news. Il y a de multiples raisons à cela : elles n’ont pas fait valoir leur talent, par modestie ou éducation ; elles ont été victimes de condescendance ou de minimisation par leurs pairs ; elles faisaient de l’ombre à leur entourage familial ou sentimental ; elles ont été évincées par l’État ou l’Église ; elles ont subi des légendes noires, plus ou moins mythiques, autour de leurs actions.
Les 75 portraits de femmes fascinantes du livre — artistes, aventurières, mais aussi méchantes inventées ou avérées, femmes de pouvoir, intellectuelles, militantes, scientifiques — ne constituent pas une liste exhaustive, bien entendu, mais ont été sélectionnés car « chaque cas met au jour une intrigue particulière, une manière spécifique d’ignorer, de dissimuler, voire d’effacer les traces. »
Dans la postface, Pénélope Bagieu raconte comment Mary Blair, dessinatrice chez Walt Disney qui n’est que très rarement mentionnée, lui a ouvert la voie. Mais comment montrer le chemin aux autres quand on est invisible ?
Luttons pour reprendre notre juste place et notre visibilité, les filles !
Brava et vive Georgette Sand !
Éditions Hugo & Compagnie, collection Les Simone, 2017, 256 pages.
Préface de Michelle Perrot, postface de Pénélope Bagieu.
* Le collectif Georgette Sand, créé en 2013, défend l’idée qu’on ne
devrait plus s’appeler George pour être prise au sérieux. Il
s’attache à déconstruire les stéréotypes, à renforcer la capacité
d’émancipation des femmes et à améliorer leur visibilité dans le monde.