Éric Dautriat a
signé ce magnifique roman, Le
brisement de la mer,
son sixième livre, une
fable mythologique et philosophique qui nous emmène en voyage dans
le temps et l’espace.
Ulysse
est-il vraiment heureux d’être rentré de voyage ? Il s’ennuie,
se penche sur son passé (plus ou moins) glorieux et sa condition de
mortel, obsédé par la mer et les femmes. Pénélope semble plus
sereine. Elle n’est dupe de rien mais ne juge pas. Elle pardonne.
Un étrange voyageur, nommé Nîl (dont le prénom devrait vous
rappeler quelqu’un), débarque et prétend être allé sur la Lune.
Dans
ce conte philosophique, où la mer a rendez-vous avec la Lune, se
rencontrent deux personnages mythiques, deux époques, deux odyssées
extraordinaires, qui, malgré quelques différences, ont beaucoup en
commun.
Comme
l’écrit Éric Dautriat dans son avant-propos : « L’aventure
de l’espace du XXe siècle entretient avec les mythes les plus
anciens des liens étroits, souvent conscients, si l’on en juge par
les noms donnés aux fusées et aux vaisseaux spatiaux, à commencer
par Titan et Apollo ». De même, les noms des constellations
empruntent beaucoup à la mythologie grecque.
L’auteur,
ingénieur de l’aéronautique et de l’espace, longtemps dirigeant du
programme Ariane, réussit l’exploit d’interroger et revisiter ces
mythes, avec poésie et sensualité. Les personnages d’Homère
reprennent vie, corps et chair, et surtout esprit. Ces héros,
taillés dans l’étoffe des légendes éternelles, deviennent proches
et contemporains, tellement humains.
La
lecture du Brisement
de la mer
est du miel, une ode à la nature, à la beauté des étoiles et de
la mer. On y voit la silhouette des pins et les rangées de vignes ;
la vie rude et sèche des terres de marins baignées de soleil. On y
sent les embruns, les parfums de lentisque des maquis et des
garrigues de la Méditerranée. On y sent le goût du sel, de l’huile
d’olive et du vin. On y sent le grain du sable et celui de la peau
des femmes.
On en sort heureux d’avoir fait un beau voyage.
Éditions de La Belle Cordière, 2020, 230 pages.
Cette chronique est initialement parue dans le n°110 des Carnets du Ventoux.
Comments
Une réponse à “L’étoffe des héros”
Encore merci Marie M. pour ces chroniques qui donnent vraiment envie d'aller acheter les livres. J'ai beaucoup aimé le "Brisement de la mer" d'Eric Dautriat. Bernard.