Sans police ni prison

Mariame Kaba est une autrice américaine, éducatrice et militante qui lutte pour l’abolition de la police et de la prison. Elle défend en particulier les
personnes marginalisées — notamment les Noirs qui peuvent être tués d’une balle dans le dos ou
par erreur lorsque la police se trompe de maison. Ils doivent faire face à la violence policière
et carcérale tous les jours, de façon banalisée et quotidienne.
Mariame Kaba est spécialisée dans les questions sur la fin de la
violence, le démantèlement du complexe industriel carcéral, la justice
transformatrice et le soutien au leadership des jeunes.
Cela peut, à première vue, inquiéter et faire redouter le chaos.
Or, l’autrice explique dans cet essai, En attendant qu’on se libère : vers une justice sans police ni prison, son engagement pour l’abolition de la police
et de la prison en s’appuyant sur
des entretiens et des articles qu’elle a notamment publié sur son blog. En effet, les abolitionnistes
pensent que le système actuel ne
peut être modifié ou réformé, mais qu’il doit être totalement supprimé. Car pour Mariame Kaba, la police et la prison ne sont pas les seules solutions aux problèmes de violence.
Elle revient sur l’histoire de la prison et des mouvements abolitionnistes, et prône d’autres
ressources comme l’entraide, l’écoute et la solidarité, c’est-à-dire une justice
réparatrice et transformatrice. Elle démontre à quoi cette justice ressemblerait et comment il faudrait l’appliquer en cas de viols ou de meurtres, par exemple. Pour cela, il faudrait être prêt à
remettre en question toutes les logiques d’oppressions. 
Elle propose des orientations. Par exemple, ce que les auteurs de dommages devraient faire pour assumer la
responsabilité de leurs actes ; les efforts
préventifs à mettre en œuvre pour limiter les dommages interpersonnels au lieu de
recourir à des mesures punitives ; plaider en faveur de
réparations pour les victimes de violences policières ; rediriger les
ressources de la police vers les programmes sociaux (santé mentale,
écoles, soins…) ; appliquer diverses stratégies pour éloigner
les gens du système pénal punitif et favoriser une justice
transformatrice ou réparatrice, etc.
Ces projets peuvent paraître utopiques mais des initiatives existent déjà dans des communautés de grandes villes
américaines, dont Chicago.
Une justice réparatrice et transformatrice est donc tout à fait réalisable (mais bon, il y a des progrès à faire…).

Éditions Hors d’Atteinte, 2023, 380 pages. 

D’autres livres de cette excellente maison d’édition féministe de fiction et de non-fiction où s’arment les luttes émancipatrices d’aujourd’hui et de demain (installée à Marseille) :
Le Dérangeur. Petit lexique en voie de décolonisation.
On ne va pas y aller avec des fleurs. Violence politique : des
femmes témoignent

Ces grandes effacées qui ont fait la littérature.